Synthèses 2010

Le deuxième semestre de l'année 2010 est marqué par plusieurs points :

La station écloserie de Kribi, dans les locaux du CERECOMA de l'IRAD, a donné des résultats très encourageants pour la production de larvesPenaeus notialis et Penaeus kerathurus. La récupération de reproducteurs sauvages a été un succès, les pêcheurs s'investissent beaucoup ramenant jusqu'aux portes de notre bâtiment des gambas parfois matures pour pondre. Les taux de fécondation et d'éclosion sont satisfaisant pour une salinité égale ou supérieure à 25ppt c'est à dire d'une période de Janvier-Février à septembre-octobre (saison pluvieuse).

La structure ne permettant pas, en terme de volume, l'élevage de l'ensemble des Nauplii (premiers stades larvaires), nous avons privilégié logiquement un nombre limité de larves provenant des différentes pontes. En effet une femelle produisant en moyenne plus de 100 000 nauplii, nous gardons seulement 5000 à 10000 larves par ponte dans des volumes de 100 litres. La production de phytoplancton a très bien répondu aux besoins nutritifs des premiers stades larvaires (Zoé à Mysis).

La plus importante contrainte qui nous a empêché de conserver une bonne survie (plus de 50%) est liée à la structure : notre soufflante apportant l'oxygène nécessaire aux larves n'a pu être fonctionnelle par des chutes de tension et d'intensité électrique. Pris par l'urgence, nous décidons d'assurer le fonctionnement minimum de l'écloserie avec la plus petite soufflante moins gourmande en énergie. L'aération possède à la fois un objectif d'oxygénation mais aussi d'un courant d'eau dans les bassins maintenant l'alimentation en suspension, essentiel à une bonne utilisation par les larves. La petite soufflante ne peut assurer une pression suffisante d'air dans l'ensemble des bassins. Nous perdons un grand nombre de larves au stade de post-larves par cette cause. Cependant, en test comparatif, des larves élevées en aquarium attestent d'une bonne survie, confirmant notre problématique.

Le Chef Bakoko Salomon Madiba nous rendant visite régulièrement, Dr Brumett (World Fish Center) ainsi que le Dr Folack (IRAD) ont pu observer ce travail et vérifier les quantités de larves au mois de Juillet occupant l'ensemble de nos 30 sceaux de 100 litres et nos 12 aquarium !

L'élevage de ces larves relève d'un travail de toute instance car Kribi est une zone très perturbé par les coupures d'électricité.

Ce sont au total trois groupes électrogènes qui ont pallié à ces problèmes. Nous avons récemment vu des panneaux photovoltaïques au COMICE Janvier 2011 auquel nous avons participé. Très peu développé encore au Cameroun, nous resterons à la fois attentifs et prudents pour proposer cette solution. Plusieurs interrogations se posent quand à l'efficacité et la maintenance de ce matériel dans nos conditions qui remplacerait l'utilisation de groupes électrogènes thermiques. A ce jour la ligne principale est recalibrée à 60 ampères assurant un fonctionnement complet, le réseau électrique interne va être inspecté et remplacé si besoin. La mise en place d'un groupe de 15 KVA issu de l'IRAD est à l'étude.

Avec le soutien logistique de l'IRAD, un premier transfert de 10 000 larves est effectué vers Limbé, où Charles et Yap veille à la maintenance technique des bassins. Il est important de signaler que ces larves représenteront une première génération en captivité totale au Cameroun. La formulation d'un premier aliment local basé sur la récupération de viscères de poissons de pêche alliées à des farines végétales locales est mise en pratique. Nous observons une bonne prise alimentaire dans les bassins. Un travail complémentaire sera nécessaire pour approuver l'efficacité sur la croissance de crevettes.

L'aide de Léonard (en stage Aquaculture-Master Université de Montpellier) nous a permis de compléter notre équipe de avril à aout 2010 à Kribi. Il a passé avec succès son mémoire et oral de stage sur l'élevage de larves et l'acclimatation à de faibles salinités. Essentiel pour la détermination des zones d'élevages nous avons acclimaté des post larves à des salinités entre 1 et 5 ppt avec de très bonnes survies (>80%). C'est un travail très encourageant pour la durabilité du projet.

Le retour de la saison des pluies nous a stoppé « naturellement » dans notre exercice, les pêcheurs ne pouvant récupérer plus de gambas et les conditions de salinité ne permettant plus la ponte de femelle. Afin de réduire cette contrainte, nous continuons l'installation de réservoirs d'eau de mer et un circuit d'eau en zone de maturation semi-fermé pour maintenir une salinité élevée et une stabilité en période de pluies. Ces réservoirs de type cuves plastique de 1000 litres remplaceront la réserve provisoire à l'étage du bâtiment affectant présentement la structure.

Achevant les modules de cours pour l'obtention du Master Élevage des Pays du Sud, Environnement et Développement, à l'université de Montpellier2, Guillaume sera de retour le 12 Mars au Cameroun rejoignant Serge de retour d'Équateur depuis Septembre 2010.

L'Equipe Aquasol